Les États-Unis vont vendre à Taïwan des missiles de croisière pouvant atteindre la Chine…

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Washington a annoncé ce mercredi 21 octobre avoir approuvé la vente à Taïwan de 135 missiles de défense côtière Slam-ER, qui ont une portée suffisante pour atteindre la Chine, pour un montant estimé à 1 milliard de dollars.
Cette nouvelle vente d’arme à immédiatement suscité l’ire de Pékin. « Elle aura un impact majeur dans les relations sino-américaines », a déclaré le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères. Si la Chine a toujours considéré Taïwan comme une province renégate, devant revenir dans son giron, depuis quelques mois la réthorique est devenue plus guerrière.
Et pour signifier que ce ne sont pas de vains mots, les forces chinoises ont ces dernières semaines multiplié des exercices dans le détroit qui sépare Taïwan du continent asiatique. La Chine a également envoyé des avions dans l’espace aérien taïwanais. Une véritable démonstration de force, puisque Pékin a déployé des bombardiers de longue portée capable d’emporter dans leurs soutes des missiles de croisières mais aussi des bombes nucléaires.
À son tour, le Pentagone met donc la pression sur son rival chinois. Car les notifications transmises au Congrès américain par le département d’État concernent notamment la vente de missiles air-sol à longue portée produits par Boeing. Les parlementaires américains, en grande majorité solidaires de Taïwan, ne s’opposeront probablement pas à cette livraison. Les ventes d’armes américaines à Taipei sont régulières. L’an dernier déjà Washington avait autorisé la vente à Taiwan d’une centaine de chars de combat Abrams et de 250 missiles sol air Stinger.
Priorité stratégique
La vente de 135 de ces missiles « sert les intérêts économiques et de sécurité nationale des États-Unis en aidant [Taïwan] à moderniser ses forces armées et à conserver une capacité de défense crédible », a indiqué le département d’État en annonçant cette décision.
Les Américains, qui considèrent comme une priorité stratégique de contrer la montée de l’influence chinois dans la région, ont a également décidé de vendre aux Taïwanais des lance-roquettes tactiques pour 436 millions de dollars et des équipements d’imagerie destinés à la reconnaissance aérienne pour 367 millions de dollars, ce qui porte le montant total des transactions approuvées à plus de 1,8 milliard de dollars.
Le ministère taïwanais de la Défense a de son côté déclaré que ces armes aideraient Taïwan « à construire des capacités crédibles de combat ». La vente annoncée n’inclut pas les drones MQ9 Reaper, que Taipei aurait également sollicités.
Ventes américaines et menaces chinoises
Le missile air-sol Standoff Land Attack Missile Expanded Response (Slam-ER) a une portée maximum de 270 km, supérieure à la largeur du détroit de Taïwan qui sépare l’île de la Chine. Or, Pékin considère Taïwan comme une partie de son territoire et menace régulièrement de recourir à la force en cas de proclamation formelle d’indépendance à Taipei ou d’intervention extérieure – notamment américaine.
Taïwan pourra aussi acheter 11 systèmes Himars (High mobility artillery rocket system), un lance-roquettes multiple monté sur un camion, et les armements liés, ainsi que 6 pods de reconnaissance MS-110, des équipements d’imagerie destinés à renforcer les capacités de reconnaissance de l’aviation taïwanaise.
L’administration Trump accélère
Washington a rompu ses relations diplomatiques avec Taipei en 1979 pour reconnaître Pékin, mais reste l’allié le plus puissant de l’île et son fournisseur d’armes numéro un.
L’administration du président Donald Trump a accéléré ces dernières années les ventes d’armes à l’île, qui a finalisé récemment un contrat d’achat massif de 66 chasseurs F-16 de nouvelle génération, pouvant être porté à 90 appareils.
Le conseiller à la Sécurité nationale de la Maison Blanche, Robert O’Brien, a conseillé la semaine dernière à Taïwan de se « fortifier » pour se protéger d’une invasion par la Chine, tout en jugeant cette éventualité peu probable avant « 10 ou 15 ans ».
Incursions de l’armée de l’air chinoise
De son côté, La Chine a accentué ses pressions militaire et diplomatique sur Taïwan depuis l’élection en 2016 de la présidente Tsai Ing-wen, qui rejette la vision de Pékin selon laquelle l’île fait partie d’une « seule Chine ».
Ces derniers mois, Taïwan a fait état d’une forte augmentation du nombre d’incursions d’avions de l’armée de l’air chinoise dans sa zone d’identification de défense aérienne (ADIZ). La semaine dernière, Pékin a diffusé les images d’un exercice militaire simulant l’invasion d’un territoire semblable à Taïwan avec notamment des frappes de missiles.