Dans un entretien à la chaîne Al-Jazira, Emmanuel Macron dit comprendre que les caricatures puissent « choquer » mais dénonce la violence…

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La question des caricatures religieuses a ressurgi dans le débat public après l’assassinat, il y a deux semaines, de Samuel Paty, qui avait montré à ses élèves des caricatures de Mahomet lors d’un cours sur la liberté d’expression.
Le président français, Emmanuel Macron, a déclaré, dans un entretien à la chaîne qatarienne Al-Jazira qui doit être diffusé samedi 31 octobre, comprendre que des musulmans puissent être « choqués » par les caricatures de Mahomet, mais qu’elles ne justifiaient pas la violence.
« Je n’accepterai jamais qu’on puisse justifier la violence. Nos libertés, nos droits, je considère que c’est notre vocation de les protéger. »
Dans ce long entretien, le président français cherche à « expliquer sa vision de manière apaisée », indique son entourage à l’Agence France-Presse. Avec la volonté de démontrer que « ses propos sur la lutte contre les séparatismes sont déformés et ceux sur les caricatures souvent caricaturés ». Il s’agit de « contrer les contre-vérités, plutôt que de les laisser prospérer et réexpliquer les fondements du modèle républicain » français, précise cette source.
Emmanuel Macron souligne notamment, selon Al-Jazira, que les caricatures n’ont pas été publiées par le gouvernement, mais par des journaux libres et indépendants.
La question des caricatures religieuses a ressurgi dans le débat public après l’assassinat, il y a deux semaines, de Samuel Paty, un enseignant d’histoire-géographie qui avait, quelques jours plus tôt, montré à ses élèves des caricatures de Mahomet lors d’un cours sur la liberté d’expression.
Lors de l’hommage national rendu à l’enseignant, le chef de l’Etat a défendu la liberté de caricaturer, provoquant la colère de nombreux pays musulmans. Vendredi, des dizaines de milliers de personnes ont manifesté au Pakistan, au Bangladesh ou encore dans les territoires palestiniens.
« Huile sur le feu »
En France, au lendemain d’un nouvel attentat qui a fait trois morts dans une basilique de Nice, l’archevêque de Toulouse, Robert Le Gall, s’est opposé, sur France Bleu Occitanie, aux caricatures des religions. « Il me semble qu’on met parfois de l’huile sur le feu », a-t-il déclaré évoquant la diffusion de ces représentations, qu’il juge « dangereu[se] ».
« On ne se moque pas impunément des religions », a-t-il ajouté, soulignant que, selon lui, la liberté d’expression doit être conciliée avec « la liberté d’être ensemble, de parler ensemble, la liberté d’être des frères ensemble, mais pas de s’invectiver ».A Nice, ville martyre et déchirée : « Ecrivez-le, que la vie est plus forte que le fanatisme »
Plusieurs personnalités politiques ont rapidement réagi à ces propos. Pour le député et chef de file de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon, « les digues sautent ». L’archevêque Robert Le Gall « excuse les crimes », a déploré l’ancien candidat à l’élection présidentielle sur Twitter.
Toujours sur ce réseau social, la présidente (PS) de la région Occitanie, Carole Delga, a répondu que « la laïcité, la liberté d’expression et le droit de critiquer toute institution religieuse sont indissociables de notre pacte démocratique et républicain. Ce n’est pas négociable ! »
L’évêque de Nice n’est « pas “Charlie” »
L’évêque de Nice, André Marceau, dit quant à lui « ne pas être Charlie », dans un entretien publié samedi par le quotidien Nice-Matin, tout en défendant la liberté d’expression, qu’il estime « sacrée en France ».
« Non, je ne suis pas Charlie, je suis André Marceau ! Soyons nous-mêmes avec nos convictions. Ces caricatures, ce n’est pas mon problème. Certes, la liberté d’expression est sacrée en France, mais que chacun s’assume. Il y a des identités qu’on ne peut pas trop bafouer à la légère », explique l’évêque.
« Dans les cercles de l’islam, on doit prendre des mesures, tenir des propos afin d’ouvrir les fidèles à d’autres réalités que celles qui vont jusqu’à l’extrémisme. Les musulmans doivent dire très fort qu’ils ne portent pas cette violence », estime néanmoins André Marceau.